smpback2024

Malgré Lesdifficultés, Taïga Motors a Contribué à L’éConomie Québécoise

Photo 1 – grande taille

– PUBLICITÉ –

Table des matières

La jeune société Taïga Motors, créatrice de motoneiges électriques, est dans la tourmente. Le départ de son directeur financier en juin 2024 et l’arrêt de la fabrication depuis avril ne sont pas de bon augure. Sur les 300 employés, 70 ont dû faire face à des licenciements en avril. Combien sont-ils aujourd’hui ?

Les commentaires fusent dans les médias et les réseaux sociaux. Les reproches sont nombreux, surtout que l’entreprise (comme d’autres) a bénéficié de soutiens gouvernementaux.

Pourtant l’histoire est un peu différente, alors faisons-nous l’avocat du diable, car Taïga Motors a fait de nombreux efforts et apporté positivement à l’économie québécoise.

Les débuts et le financement de Taïga Motors

Taïga Motors a été créée en 2015 par trois diplômés en génie de l’Université McGill : Samuel Bruneau, Gabriel Bernatchez et Paul Achard. La société prenait modèle sur Tesla pour électrifier des motoneiges et des motomarines électriques. C’est en 2021 que l’entreprise a fait un bond significatif en s’introduisant à la Bourse de Toronto. Elle levait 300 millions de dollars canadiens en capitalisation boursière.

Dans ses locaux à LaSalle, elle créait 300 emplois. Pour cette usine et les emplois reliés, elle recevait un prêt de 30 millions de dollars du gouvernement du Québec et de 10 millions de dollars du gouvernement du Canada.

La société Taïga Motors a généré des revenus de 16,1 millions de dollars pour l’année 2023, ce qui a engendré des pertes par rapport au cout d’exploitation. Elle a également subi une perte nette de 14,38 M$ pour le premier trimestre 2024.

La situation est actuellement au point mort. La société s’est placée à l’abri de ses créanciers.

Photo 2 – grande taille

Remettre les pendules à l’heure

En effet, des fonds gouvernementaux ont été prêtés à l’entreprise et il y a des risques de les perdre. Certains motoneigistes sont les premiers à reprocher les sommes prêtées. En réagissant ainsi, les politiciens pourraient arrêter d’aider le développement des futures motorisations, puisque même la communauté critique les prêts financiers octroyés.

Pierre-Yves McSween, sur 98,5 FM, avait été le premier à critiquer les prêts gouvernementaux, affirmant que la motoneige était inutile. Il avait soutenu que « les motoneiges polluent et font du bruit », alors que les subventions visaient précisément à réduire les émissions de gaz à effet de serre et le niveau sonore.

Même si la motoneige n’est pas touchée par l’arrêt des moteurs thermiques à partir de 2035, il est temps de se pencher sur l’avenir de la motorisation.

Pour apporter une solution à cette menace, trois jeunes ingénieurs se sont relevé les manches. Ils ont voulu mettre leurs connaissances au service du futur de la planète motoneige, qui comprend les clubs et les sentiers. Ils ne se sont pas tournés en premier vers les subventions, ils ont lancé la société en bourse à Toronto et ils ont vendu des actions à des investisseurs privés, de tous les pays. Ils ont ramené plus de trois cents millions de dollars au Québec, qu’ils ont investis en salaires, production, recherche & développement, taxes. 

Les trois fondateurs sont-ils devenus millionnaires ?

Le 27 février 2021, le Journal de Montréal titrait : « Multimillionnaires à 29 ans grâce à des motoneiges électriques ». Non, les trois ingénieurs ne sont pas devenus millionnaires. Ils ont récupéré des fonds financiers pour commencer la production. C’était très intelligent de rentrer en bourse et de solliciter l’argent privé. Leur prévision de vendre 76 000 véhicules était certainement trop optimiste.

40 millions de dollars, une goutte d’eau ?

La jeune société de fabrication de motoneige a reçu ces subventions principalement sous forme de prêt. Taïga pourrait renaitre de ses cendres ou être reprise. Les gouvernements pourraient récupérer une partie, échelonnée sur une dizaine d’années. Cependant, il faut tout replacer dans son contexte. Quarante millions de dollars pour aider un nouveau fabricant de motoneige, c’est raisonnable. Comme le rappelle la FCMQ : « Annuellement, la motoneige génère au Québec plus de 3,27 milliards de dollars en retombées économiques et maintient plus de 14 000 emplois. »

Quand on se compare, on se console. Le Québec vient de donner 413 millions de dollars à la société française Airbus (située à Mirabel) pour la fabrication de l’A220, dont le gouvernement, il est vrai, possède 25 % des parts. C’est plus de deux milliards de dollars de fonds publics apportés à l’A220 depuis 2016, date à laquelle Bombardier avait cédé pour un dollar symbolique la C série (et ses dettes).

Dans le domaine des batteries, le magazine LesAffaires nous apprend que « Québec s’est engagé à subventionner la multinationale suédoise Northvolt à hauteur de 1,37 milliard de dollars ».

Chaque fois, on parle de nos taxes.

Photo 3 – grande taille

Prévu avec le Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC) du Québec

Connaissez-vous la taxe carbone, que vous payez, par exemple, sur vos achats d’essence ? Elle est versée dans le fonds d’électrification, qui est financé par les revenus du marché du carbone. Depuis sa création en 2013, il a généré plus de 8,8 milliards de dollars. Il sert à financer des projets cherchant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à s’adapter aux impacts des changements climatiques et à électrifier l’économie. C’était tout à fait l’objectif de Taïga, et l’argent que vous dépensez pour remplir le réservoir d’essence de votre motoneige a bien le droit de revenir au futur de la motoneige.

La motoneige n’est pas touchée par l’arrêt du moteur thermique en 2035 (pour le moment)

La loi concernant l’arrêt des moteurs thermiques touche uniquement les véhicules routiers légers, c’est-à-dire les automobiles et le transport routier léger, dont le poids nominal brut est inférieur à 4 536 kg. En effet, Selon l’inventaire des émissions de gaz à effet de serre du Québec (2021), 42,6 % des émissions de GES du Québec proviennent du secteur des transports. Plus de la moitié de ces émissions proviennent de ces véhicules routiers légers, qui sont regroupés sous la norme VZE 2025-2035.

Cependant, il ne faut pas sous-estimer les changements politiques. Un jour futur, la motoneige et les véhicules hors route pourraient être montrés du doigt et obligés de se conformer au régime zéro émissions.

Photo 4 – grande taille

L’avenir de Taïga et de la motoneige en général

La société Taïga est entre les mains de liquidateurs qui cherchent des repreneurs, et certains se sont déjà manifestés. L’intérêt existe toujours. Et n’oublions pas BRP et Ski-Doo qui travaillent fort à l’électrification et aux énergies nouvelles.

Cependant, il ne sert à rien de vouloir développer des motoneiges électriques s’il n’est pas possible de recharger les batteries dans le milieu naturel. Les fabricants, la communauté doivent se pencher sur la mise en place de bornes électriques pour espérer vendre des véhicules à moteur non thermique. Pour cela, ils pourraient s’appuyer sur le fonds de « La Stratégie québécoise sur la recharge de véhicules électriques », qui est doté d’un budget de 514 millions de dollars pour la période 2023-2028.

Il existe des alternatives à l’électricité fournie par batterie. Les moteurs thermiques peuvent également être modifiés pour utiliser de nouveaux carburants tels que les biocarburants, le gaz naturel, le GPL (gaz de pétrole liquéfié) ou une pile à combustible (FCEV).

Le carburant synthétique, comme le eFuel de Porsche, est capable de réduire les émissions de CO2 de 85 % sur les moteurs thermiques, sans modifications particulières.

L’hydrogène est également une alternative que Kawasaki explore, ainsi qu’Airbus qui annonce un avion à hydrogène à l’horizon 2030.

En conclusion, l’argent des taxes perdues fait partie des risques afin de réaliser la transition des motorisations de la motoneige. Comparativement à tous les chantiers en cours, ils restent raisonnables La société québécoise a profité des retombées économiques en termes de taxes et d’emploi. Le cas Taïga doit faire réfléchir sur l’avenir de la motorisation de la motoneige, et sur l’intérêt de défendre ce moyen de transport et de loisir, qui est né au Québec !

Photo 5 – grande taille

– PUBLICITÉ –

ARTICLES CONNEXES

MENU

RECHERCHE