Après la tragédie, comment prévenir les avalanches en motoneige ?
La motoneige hors-piste est devenue très populaire. Il existe de beaux endroits pour pratiquer cette activité au Québec, comme les monts Valin et les Chic-Chocs. Mais depuis l’an dernier, une nouvelle menace est arrivée, qui bouscule la sécurité en montagne. L’avalanche est un phénomène qui était connu principalement dans les montagnes de l’ouest du Canada. Mais voici qu’elle a fauché mortellement trois personnes en Gaspésie l’hiver dernier. Des pilotes de « snowbikes », des motos avec une chenille. Ce ne sont pas des motoneiges, mais les risques et le déclenchement sont identiques. Tout utilisateur de motoneige hors-piste devrait être informé sur la prévention des avalanches. Il est également recommandé de posséder quelques accessoires de premier secours pour être détecté et agir plus rapidement après un ensevelissement sous la neige.
L’accident
Le 26 mars 2024, une avalanche a coûté la vie à trois pilotes de snowbike, qui évoluaient hors-piste dans les monts Chic-Chocs. L’avalanche a été déclenchée accidentellement par un des membres du groupe dans la région de la vallée de La Martre. Les victimes sont des trentenaires de l’Estrie. Le communiqué officiel d’Avalanche Canada donnait ces informations : « Un groupe de 4 personnes à moto sur neige hors-piste (snowbike) ont accidentellement déclenché une avalanche de plaque de neige mouillée de taille 2.5 dans la région de la vallée de La Martre. La couronne d’avalanche mesurait 100 cm de profondeur, 150 m de large, la zone d’écoulement mesurait 100 m, et la pente en question variait entre 37° et 40°.
Trois membres du groupe ont été complètement ensevelis dans un piège naturel (dépression). L’accident a eu lieu en après-midi et les secours ont été appelés peu de temps après. Le sauvetage a été pris en charge par les pompiers et la Sureté du Québec. Les trois victimes ne portaient pas d’équipement de sécurité en avalanche. La technologie Recco et la technique de sondage aléatoire ont été utilisées pour trouver les trois victimes. Ils ont été retrouvés à des profondeurs différentes : 1,40 m, 1,10 m, 2,80 m. Ceux-ci ont été dégagés entre 21 h et 23 h et transportés vers un centre hospitalier où leur décès a été constaté. »
Selon Dominique Boucher, directeur d’Avalanche Québec, entre 30 et 50 cm de neige étaient tombés dans ce secteur au cours des derniers jours. Un avertissement d’avalanche à cet endroit avait été publié au cours du week-end sur son compte Facebook et sur son site internet.
Les ressources
Trois décès au Québec, c’est un trop lourd tribut. Le nombre de fatalités au Canada est de 12 pour la saison hivernale 2023/2024. Les autres accidents se sont déroulés en Colombie-Britannique et en Alberta. Il est maintenant nécessaire de ne pas négliger ce phénomène naturel et de prendre les mesures qui s’imposent pour limiter les risques d’accident.
Deux sites internet communiquent de l’information importante sur le sujet.
Avalanche Canada
La mission de cette ONG est d’informer sur tout ce qui a trait aux avalanches. Son site internet fournit des bulletins quotidiens de prévisions d’avalanches pour les régions montagneuses canadiennes. Elle propose des programmes de formation et des informations pour sensibiliser le public aux risques d’avalanches.
Une application mobile et des cartes interactives permettent de suivre les conditions en temps réel au Québec et dans tout le Canada. Des ressources sont disponibles pour les instructeurs et les professionnels de la montagne.
Chaque motoneigiste sur le terrain peut remplir un rapport d’information express pour partager rapidement des informations sur son excursion en cas de risque. Le rapport peut inclure des détails sur l’avalanche, le manteau neigeux, la météo et un éventuel incident.
https://avalanche.ca/fr/mountain-information-network/submit
Avalanche Québec
Le site internet couvre l’est du Canada. Il contient des bulletins de prévisions quotidiennes du 1er décembre au 30 avril pour les Chic-Chocs ou les monts Valin.
Un planificateur d’excursion en terrain à risque permet de planifier un itinéraire sécuritaire.
Chaque hiver, plusieurs cours de sécurité en avalanche, de recherche et sauvetage et de météo sont offerts au grand public et aux professionnels.
Le site regorge de capsules d’informations et de sensibilisation, et une application a été créée pour planifier les sorties de ski hors-piste en Gaspésie. Elle comprend des descriptions d’itinéraires, des bulletins d’avalanche, les conditions météo et le Réseau d’information en montagne (MIN).
Un onglet permet d’accéder au rapport express d’Avalanche Canada pour informer des dangers rencontrés sur le terrain.
Avalanche Québec
Ce site couvre l’est du Canada. Il contient des bulletins de prévision quotidiens du 1er décembre au 30 avril pour les Chic-Chocs ou les Monts Valin.
Un planificateur d’excursion en terrain dangereux vous aide à planifier un itinéraire sécuritaire.
Chaque hiver, plusieurs cours de sécurité en avalanche, de recherche et sauvetage et de météorologie sont offerts au grand public et aux professionnels.
Le site regorge de capsules d’information et de sensibilisation, et une application a été créée pour planifier les sorties de ski en arrière-pays en Gaspésie. On y trouve des descriptions d’itinéraires, des bulletins d’avalanche, les conditions météorologiques et le Réseau d’information sur la montagne (RIM).
Un onglet permet d’accéder au rapport express d’Avalanche Canada, qui vous informe des dangers rencontrés sur le terrain.
Les conseils utiles
Participer à une formation Avalanche
Avalanche Québec et Adrénaline Hors-Piste offrent dans les Chics-Chocs le cours de sécurité en avalanche CSA 1, profil motoneige. La formation de niveau débutant aide à la préparation pour choisir son itinéraire et pour se déplacer de façon sécuritaire. D’autres cours plus avancés existent.
Lire un livre spécialisé
Le Manuel du cours de sécurité en avalanche – version motoneigistes, s’applique aux adeptes qui se déplacent en terrain avalancheux. Il explique entre autres le phénomène de déclenchement d’une avalanche, l’évaluation du terrain, les bonnes pratiques de déplacements, et les techniques de sauvetage.
Passion Motoneige avait consacré un article sur la préparation d’un voyage hors-piste en Colombie-Britannique. Il regorge de bonnes informations pour la pratique au Québec.
https://www.passionmotoneige.com/comment-se-preparer-pour-la-colombie-britanique
S’informer avant le départ
Consultez les bulletins d’avalanche sur l’un des deux sites Avalanche. Vérifiez les chutes de neige prévues, elles peuvent augmenter les risques. Téléchargez une application pour vous informer des conditions au cours de la journée. Prenez l’avis des guides de montagne et des habitués si vous avez l’occasion d’en rencontrer.
L’échelle publique nord-américaine de risque d’avalanche est un système qui évalue le danger d’avalanches en fonction de leur probabilité, de leur taille et de leur répartition. Elle comporte cinq niveaux de risque, allant du plus bas au plus haut : faible, modéré, considérable, élevé et extrême. Dans les prévisions d’Avalanche Canada, le niveau de risque est calculé pour les zones alpines, la limite forestière et la limite basse.
S’équiper pour prévoir et secourir
L’émetteur Recco se place dans les vêtements de motoneige. La plupart des grandes marques de vêtements, dont Ski-Doo, proposent des habits intégrant des poches spécialement conçues pour l’accueillir. Ce détecteur émet un signal radio continu et directionnel. En cas d’avalanche, les secouristes et les personnes équipées de récepteurs peuvent localiser rapidement la personne ensevelie sous la neige. L’intensité du signal augmente avec la proximité de l’émetteur.
Le DVA (Détecteur de Victimes d’Avalanche) est un appareil électronique que l’on porte sur soi. Pour être efficace, chaque membre du groupe doit en porter un. Il émet un signal en cas d’avalanche. Le DVA est utilisé en mode réception pour localiser la source du signal et ainsi retrouver la personne ensevelie.
Les deux types d’appareils sont complémentaires.
Les détecteurs RECCO nécessitent un équipement spécifique utilisé par les secours, tandis que les DVA fonctionnent uniquement entre les membres du groupe. Pour mettre toutes les chances de son côté, il est recommandé d’utiliser les deux systèmes, qui ne nécessitent pas d’abonnement.
Le téléphone par satellite fonctionne partout, même dans des endroits reculés. C’est son avantage (qui n’est pas gratuit) par rapport à un téléphone cellulaire qui émet uniquement dans certaines zones. Une solution intermédiaire est d’utiliser une balise de location qui permet l’envoi d’un message de détresse géolocalisé. Les marques les plus connues sont InReach ou SPOT.
La sonde d’avalanche permet de sonder la neige pour localiser les victimes. Pliée, elle ne prend pas de place, et elle s’assemble comme un poteau de tente. En la plantant systématiquement dans la neige, les sauveteurs peuvent localiser précisément la victime ensevelie, évitant ainsi de perdre du temps à creuser.
Il y a différentes sortes de sondes d’avalanche qui varient en longueur, rigidité et matériaux. La longueur standard la plus courte est 240 cm, pour les neiges peu épaisses et pour les secours habituels. Une longueur de 320 cm existe, pour une neige plus épaisse ou pour des observations de la couche neigeuse.
L’airbag d’avalanche peut aider à réduire la gravité des effets d’une avalanche en réduisant la profondeur d’ensevelissement. Il permet une localisation rapide. Il améliore également la visibilité et peut offrir une certaine protection contre les traumatismes. L’airbag n’est pas une solution miracle. Il ne dispense pas d’utiliser les autres équipements de localisation.
La pelle à avalanche est conçue en deux morceaux, le manche peut être détaché de la lame, pour faciliter son rangement. Certaines pelles sont plus efficaces que d’autres. La pelle doit pouvoir se glisser dans votre sac. Évitez les pelles en plastique ou fragiles, car elles risquent de se casser par temps froid, dans la neige trop glacée. Un manche extensible permet de creuser plus facilement et de se fatiguer moins vite. Maîtriser des techniques de pelletage efficaces peut sauver des vies. Chaque minute compte.
Tous les accessoires de premier secours devraient être transportés dans un sac à dos. Car en cas d’avalanche, la motoneige risque d’être ensevelie.
Détecter les signes avant-coureurs d’une avalanche
Une fois sur le terrain, il est important d’observer et d’évaluer les risques, même si votre secteur n’est pas dans le bulletin des risques d’avalanche.
Les pentes raides, les reliefs accidentés, sont plus à risque de déclencher une coulée de neige. Les couches de neige fraîche peuvent être instables.
Des craquements dans la neige ou des sifflements peuvent indiquer qu’une couche de neige est en train de se désolidariser de la sous-couche.
Des fentes dans la neige indiquent un manteau neigeux instable.
Soyez vigilants avec les petites avalanches sans gravité, ou des petites plaques de neige qui se détachent. Ce sont peut-être les signes avant-coureurs d’une coulée de neige majeure.
Attention aux changements de température ou aux vents violents, ils peuvent dégrader la stabilité de la neige.
Il est venu le temps des avalanches au Québec
Jusqu’à présent, le risque d’avalanche n’était pas dans les préoccupations des motoneigistes hors-piste québécois. Avec trois décès en 2024, il est temps de prendre le phénomène au sérieux et de s’équiper en conséquence. Il n’est pas exclu que le bureau du coroner crée des mesures préventives, comme cela a été fait pour la motoneige de sentier après le décès par noyade de cinq motoneigistes en 2021.
Liens utiles :
- Avalanche Canada : https://avalanche.ca/
- Avalanche Québec : https://avalanchequebec.ca/motoneige/
- Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec : https://mffp.gouv.qc.ca/