La saison 2020-2021 fut parsemée de toutes sortes de rebondissements jamais vus dans le monde de la motoneige, qui ne se souviendra pas de cet hiver sans relais, où il fallait manger notre lunch à l’extérieur, au froid? Pas toujours évident d’essayer de manger une soupe à -25 degrés avec des gants. Pourtant, je suis convaincu que plusieurs parmi vous l’ont fait, même si parfois c’était un peu décourageant. La pandémie ne sera pas le seul souvenir qui restera gravé dans les annales de 2020-2021, cette dernière signera également l’arrivée d’un nouveau joueur parmi les quatre manufacturiers déjà en place… Lynx!
Histoire
Certains diront : « Est-ce vraiment un nouveau manufacturier? » C’est en majeure partie un BRP! Ces derniers n’ont pas tort, mais lorsque l’on regarde de plus près les trois modèles Lynx 2021 disponibles au Canada, on observe rapidement beaucoup de différences nous permettant d’affirmer qu’il s’agit bel et bien d’un nouveau joueur parmi les grands.
Bien que Lynx soit une filiale de la multinationale BRP et qu’elle nous apparaît nouvelle, il n’en demeure pas moins qu’elle a un passé extrêmement bien garni du côté des pays scandinaves. Plusieurs seront certainement surpris d’apprendre que les premières motoneiges Lynx ont été produites en 1967! L’histoire de Lynx est divisée en cinq chapitres. Le premier, intitulé le commencement, explore les années de 1967 à 1979. Kiimaneva Kurikka, Finlande fut le premier endroit où l’on testa le prototype de la AS50 et ce, durant l’été, dans un champ de tourbe… À l’époque, quatre modèles étaient disponibles : les Lynx 20 (10 HP, 180 CC), 30R (16 HP, 277 CC), 30S (20 HP, 293 CC) et 40 (20 HP, 293 CC). Par la suite, d’autres modèles ont vu le jour comme la série Lynx300 GLX, Lynx400 GLX, Lynx535 GLX, et le 600 GLX. Le deuxième chapitre couvre les années 1979 à 1985, où la compagnie s’est taillé une place dans le monde des courses, mais également dans le monde utilitaire. On retrouvait parmi les nouveaux modèles le GLS3300, avec suspension indépendante à l’avant et à glissière à l’arrière. La troisième partie de l’histoire s’intitule l’innovation, couvrant les années 1985 à 1995. C’est dans cette décennie que Lynx attaqua le marché de l’utilitaire avec le Lynx GLX 5900, une première dans l’industrie, avec une longue chenille pour le travail combiné à une suspension à glissière. Ce fut l’une des plus grandes réalisations de la compagnie, qui fut copiée par plusieurs autres manufacturiers dans les années subséquentes. Et c’est également en 1985 qu’a vu le jour le premier modèle sport en production, soit le GLS3300! L’un des faits marquants fut vraisemblablement l’acquisition de Lynx par Bombardier en 1988. À l’époque, Lynx utilisait déjà des moteurs Rotax qui appartenaient à Bombardier. Chapitre 4, la croissance, regroupe les années 1995 à 2008. L’expansion de Lynx dans le monde des courses de snowcross s’est faite avec le légendaire Janne Tapio, multiple champion du monde, qui dominait les circuits en Europe! Ces années comportent également les débuts de la suspension PPS encore utilisée aujourd’hui!
Le dernier chapitre, intitulé le présent et le futur, vient dérouler le tapis sur de nouvelles technologies comme les plates-formes de travail XU, de montagne et encore plus. Mais surtout assurer une continuité innovatrice qui nous amène à une motoneige très bien adaptée à notre présent, mais surtout parfaitement adaptée au marché européen.
Pour qui et pour quelle condition?
Le Lynx RAVE est le seul modèle de sentier qui exporte en Amérique du Nord. Pour bien comprendre sa conception, il est important de connaître dans quelles conditions de terrain les Suédois, Finlandais et autres habitants de pays scandinaves circulent. Ces pays ont comme ici un réseau de sentiers qui leur permet de circuler d’un endroit à un autre. Un peu comme chez nous, on y retrouve entre autres des directions avec distances, leur permettant de voyager d’une ville ou d’un village à l’autre de façon sécuritaire. Cependant, contrairement à nous, ces sentiers ne sont pas surfacés, ils circulent donc dans des conditions continuellement bosselées, faisant beaucoup référence à du Backcountry par exemple. Les suspensions sont donc très différentes pour des conditions de terrains souvent beaucoup plus bosselés que les nôtres… Ceci signifie donc que pour eux, des conditions de surfaçage parfaites avec une tenue de route exemplaire dans les courbes s’appliquent beaucoup moins à leur situation. Les amateurs préconisent souvent une conduite debout et plus agressive pour affronter les différentes difficultés d’un sentier non surfacé.
Châssis et motorisation
Le châssis du Lynx RAVE est presque identique à la version du Backcountry vendu ici depuis quelques années par BRP. Côté motorisation, leur choix s’est arrêté sur la version 850 deux cylindres deux temps à injection directe signée ROTAX, possession de BRP depuis plusieurs années. Ces derniers fabriquent également les moteurs de la gamme de motos Aprilia, les moteurs BMW de motocyclettes en Allemagne, sans oublier toute la gamme des véhicules Can-AM, Sea-Doo, Ryker, Spyder, etc.
Suspension
Voilà qui devient intéressant… Comme leurs conditions s’apparentent énormément à du Backcountry, vous ne serez pas surpris d’apprendre que leur suspension arrière PPS n’est pas couplée. La PPS 3 3500, qui en fait est la troisième génération du même nom, offre une très grande progressivité, ce facteur permet de garder le devant de la motoneige au sol durant un cours laps de temps lorsqu’on enfonce l’accélérateur. Bien que les données sur le déplacement total de la suspension n’étaient pas disponibles au moment d’écrire ces lignes, on peut affirmer que c’est très similaire à ce que l’on connaît ici. Pour les extrêmes, c’est là que tout devient intéressant, le fabricant utilise d’énormes amortisseurs à réservoir externes KYB de 46 mm HLCR Kashima! Du jamais vu sur une motoneige de série de ce côté-ci de l’océan jusqu’à présent. Comme on dit: Amenez-en des bosses !!!
À l’avant, on retrouve une géométrie très similaire à la RAS 3 qui équipe les motoneiges BRP. Les dirigeants de Lynx l’ont baptisé LFS+, une suspension indépendante avec barre stabilisatrice, qui propose un écartement des skis à 42,2 pouces. Tout comme à l’arrière, on pousse l’audace avec des KYB de 46 mm HLCR Kashima!
Les Skis
Hors-piste et sentier non surfacé sont synonymes chez Ski-Doo de DS-2 ou DS-3, des skis qui ont fait leurs preuves au fil des années. Les ingénieurs de Lynx ont une pensée similaire avec les Blade XC+. Ils ont une vocation très agressive avec deux quilles superposées, qui offrent une très bonne emprise au sol, je dirais une agressivité entre le DS-2 et le DS-3. Un ski très agressif offrant une excellente adhérence en virage.
En sentier
J’ai parcouru environ 1000 kilomètres avec la motoneige, ce qui m’a permis de rencontrer plusieurs conditions de sentiers, et de découvrir les avantages et inconvénients de notre bolide. Est-ce différent d’une MXZ ou un Renegade? Absolument !! La conduite et la tenue de route sont très différentes, les skis du Lynx sont très agressifs, mis à part en accélération où les skis se soulèvent, l’emprise au sol en sentier est excellente et agressive, il faut s’y habituer au début. Lorsqu’on s’assoit pour la première fois sur la motoneige, on a l’impression d’être assis plus bas, et c’est légèrement le cas. La suspension arrière est un peu plus basse que sur les motoneiges Ski-Doo. Ce facteur est un avantage pour ce qui du roulement de la chenille qui m’a semblé extrêmement facile à faire tourner. On s’en aperçoit rapidement lorsqu’on relâche l’accélérateur, la motoneige continue avec une diminution beaucoup moins rapide de la vitesse que sur un autre modèle. Cet élément devient fort intéressant pour les vitesses de pointe, qui m’ont semblé très impressionnantes.
Les skis Blade XC+ sont très agressifs en sentier, leur conception à quille et lisses simples provoque un peu de louvoiement sur des conditions de sentier durcis. Par contre, dans des conditions plus démêlées, ils procurent au conducteur un bon sentiment de sécurité en virage, qui nous amène à pousser un peu plus dans les conditions de fin de journée, qu’il faut le dire, représente bien leur réalité.
La suspension arrière est extrêmement progressive, plus on l’enfonce et plus elle devient rigide, après plusieurs centaines de kilomètres dans des conditions parfois très bosselées, je n’ai jamais atteint la limite de la suspension. Elle est conçue pour en prendre… Dans les petites bosses, la suspension demeure relativement rigide, mais elle fait le travail, c’est dans les grosses bosses de fin de journée qu’on apprécie sa réaction. Il en est de même avec l’avant du RAVE, les amortisseurs KYB de 46 mm HLCR Kashima redonnent un peu de contrecoups dans les petites bosses, mais lorsqu’on pousse l’audace dans les grosses bosses, ils nous redonnent un sentiment d’invincibilité, on en veut encore plus!
Est-ce que les Lynx tailleront leur place dans le marché québécois? Assurément! Est-ce l’une des meilleures motoneiges de sentier? La réponse est non. Cependant, est-ce l’une des meilleures 50/50? Oui, surtout pour ceux qui roulent de façon très agressive. Je dirais que le modèle de BRP qui s’y rapproche le plus est le Backcountry XRS, mais avec une suspension encore plus progressive et plus rigide en fin de course.
Il est indispensable de remercier le groupe Contant et plus particulièrement François Clairoux qui, sans lui, l’essai de cette motoneige n’aurait pas été possible. Merci Francois et l’équipe de chez Contant, c’est toujours un plaisir !!
Bonne saison 2021-2022!