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Bob Petit: le père des sentiers de motoneiges du Québec.

Bob Petit le père des sentiers de motoneiges du Québec

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Bob Petit est à la motoneige ce que le fleuve Saint-Laurent est au Québec : un ambassadeur infatigable que rien n’arrête pour arriver à destination. À 81 ans, le créateur du premier sentier de motoneige balisé du Québec a toujours des projets, qu’il porte avec force.

C’est en 1939, alors que la seconde guerre mondiale éclate, que le petit Robert nait à Montréal. Sa mère est couturière et son père est pressier en lithographie au journal The Gazette. Avec son frère Jacques et sa sœur Fernande, Bob connait une enfance urbaine, sans moteurs à proximité. Sa scolarité est relativement courte.

À quatorze ans, son père lui ouvre les portes de The Gazette pour un travail d’été, et il préférera commencer à travailler plutôt qu’user ses fonds de culottes sur les bancs de l’école. 

Il est déjà attiré par la nature et les grands espaces en hiver et il aime planter sa tente dans la neige, dans la cour du logis familial, pour s’évader du béton.

Très jeune, Robert aime organiser et créer des loisirs. À 18 ans, il est président du club de ski Fiesta, du nom d’un restaurant montréalais qu’il fréquente. C’est en autobus qu’il entraine des dizaines de skieurs vers les stations de Mont-Saint-Sauveur ou Val David. 

Un collègue de la Gazette l’invite dans sa famille à Saint-Jean-de-Matha, un lieu qu’il apprécie rapidement et où il vit encore aujourd’hui. Alors il loue un chalet dans ce village de Lanaudière pour en profiter plus souvent. L’hiver, il doit rejoindre son chalet à pied dans la neige, quelque fois enfoncé jusqu’à la ceinture. Il lui faut un véhicule d’hiver. 

C’est ainsi qu’à 25 ans, Bob découvre la motoneige, ou plutôt l’autoneige comme on l’appelle encore en 1964. Il a un accord pour la laisser la semaine dans le garage d’un hôtel de Saint-Jean-de-Matha et il la récupère la fin de semaine pour accéder à son chalet au Lac Noir.

C’est le temps des premières courses. Bob est toujours présent quand il s’agit d’organiser. Il rencontre Denis Drouin un artiste connu, passionné de motoneige qui deviendra son complice et un porte-parole infatigable pour la motoneige et les sentiers.

En 1967, un carnaval est organisé au Lac Noir. Bob est de la partie naturellement. Il va chercher les trophées chez le concessionnaire SKI-DOO. Et le voici à 50 miles à l’heure sur son Olympique. Une lame de ski casse et c’est le drame. Il est projeté à 15 pieds dans un ravin et il heurte un pilier en béton. Fractures du bassin, du fémur, hémorragie interne, perforation du rein, fémur cassé. Coma, trois semaines d’hôpital, six mois de convalescence, la facture est lourde. Mais cela ne le décourage pas. 

Bob Petit le père des sentiers de motoneiges du Québec

Il se sert de ce temps d’arrêt pour élaborer cette idée des sentiers balisés.

Il commence avec un tronçon de 3 kilomètres entre le Lac-Noir et Saint-Jean-de-Matha.

Depuis 1965, Il est administrateur du club de motoneige de Saint-Gabriel-de-Brandon et en 1968, il crée un sentier balisé entre Saint-Gabriel-de-Brandon et Saint-Jean-de-Matha, le fameux sentier #3. Ce ne sont que quelques kilomètres, mais il faut tout créer : Obtenir les droits de passage (avec l’aide du célèbre artiste Denis Drouin), entretenir le sentier, créer la signalisation. Bob fabrique lui-même les panneaux !

Chaque villa ou communauté commence à développer son sentier. Mais qui n’est relié à rien. Il y a même une réticence, de peur de voir partir les membres du club ailleurs. 

Une randonnée médiatisée avec une émission sur la chaine canal 10, aujourd’hui TVA, et Denis Drouin, allait permettre d’ouvrir une connexion entre Sainte-Agathe-des-Monts et Saint-Gabriel-de-Brandon. Bob trouvait le temps moins long en partageant sa motoneige avec son amie Brigitte.

Tout le début des années 70 sera consacré à promouvoir la création de sentiers, et l’entente entre les clubs qui ont un esprit de clocher prononcé. L’autoneige devient motoneige, il y a plus de cent marques présentes sur le marché. Bob continue à travailler à The Gazette en plus de son travail bénévole. 

Il va même mettre à contribution son père Ferdinand et sa mère Marguerite pour fabriquer les 960 panneaux de signalisation pour 800 kilomètres de sentiers.

Bob Petit le père des sentiers de motoneiges du Québec

Il est maintenant président de Sentiers de Motoneige Trans-Québec inc. En 1975, le sentier # 3 Trans-Québec est inauguré avec frasques, avec un parcours de 6 étapes, de Mont-Laurier à Québec. Plusieurs personnalités participent, dont Denis Drouin, Serge Dionne et Philippe Dacier. À cette occasion, le journaliste bien connu Pierre Lecours écrira : « Nous avons une énorme dette envers Bob Petit ».

En 1976, son travail est reconnu par le milieu de la motoneige. Il est nommé VP de la jeune Fédération des Clubs de Motoneigistes du Québec, puis directeur exécutif, et il est maintenant payé pour développer sa passion. C’est un beau cadeau. 

Mais un cadeau empoisonné. Car la passion a un prix. Il lâche son emploi à The Gazette après 19 ans de présence, ce qui lui fait perdre son fond de pension qui nécessitait 20 ans de participation.

Son salaire hebdomadaire passe de 700$ à 287$, mais le président de la Fédération de l’époque lui fait miroiter un salaire plus élevé dès que l’organisme touchera les subventions du gouvernement. Bob est sur tous les dossiers. Il y a maintenant 421 clubs de motoneiges agréés et affiliés. Il dirige les Sentiers de Motoneige Trans Québec Inc, il créé le magazine Motoneige Québec de la Fédération, dirige les promotions Soleil de nos hivers Inc et le circuit de course de motoneige du Québec Inc.

En 1978, la subvention arrive (92 000$), et c’est la douche froide, la trahison de sa vie. Le président en place vire Bob de son emploi de directeur en mars. Puis il démissionne de son poste de président pour prendre sa place salariée. À un salaire beaucoup plus élevé naturellement.

Quelle déception pour Bob Petit. Tout le travail effectué est bien peu récompensé. Et un malheur n’arrivant jamais seul, son grand ami Denis Drouin décède du cancer en avril. C’est un temps de dépression pour le passionné qui se retrouve bien seul et doit repenser à son avenir professionnel.

Il rebondit en devenant représentant de la brasserie O’Keefe pour Lanaudière. Il donne des trophées dans les différents événements motoneigistes et il en profite pour créer une carte pour les motoneigistes, qui sera reprise par Tourisme Lanaudière.

Bob Petit le père des sentiers de motoneiges du Québec

Bob est toujours présent pour promouvoir la motoneige, les sentiers, la course. Il anime une émission de radio durant 16 ans pour les motoneigistes et les quadistes, Il est chroniqueur à la télévision des sports à RDS. Ses capsules sont réalisées chez Motoneiges Illimitées à Terrebonne.

En 2008, il reçoit la médaille de l’Assemblée Nationale grâce au député de Berthier François Benjamin en qualité de visionnaire du développement touristique, et pour ses qualités de rassembleur et de communicateur. Il est accompagné ce jour-là de Jacques « Mon’onc » Villeneuve, lui aussi honoré.

Bob Petit le père des sentiers de motoneiges du Québec

Après 40 ans, en 2015, le sentier Transquébec 3 est renommé sentier Bob Petit, un honneur bien mérité pour le développeur d’un concept qui pèse lourd dans les retombées économiques de la motoneige. C’est maintenant un marché de 3 milliards de dollars, la venue annuelle de 30 000 touristes étrangers et 100 000 membres annuels à la Fédération des Clubs de Motoneigistes du Québec

En 2016, un drame attriste profondément Bob Petit. Son ami Robert Poliquin décède dans un accident de motoneige, en traversant une route. Le panneau d’arrêt posé par le club n’était pas visible, recouvert par la neige. Bob Petit se rend sur place le jour même et constate la cause du problème. Il propose comme solution la pose de panneaux routiers par le Ministère des Transports du Québec, pour une meilleure visibilité et solidité. 

Il demande aux fédérations motoneige et quad, au Ministère des Transports, crée une pétition, mais le dossier n’avance pas. Il en parle à son ami Joé Deslauriers, maire de Saint-Donat et président du caucus de l’union des municipalités du Québec. Celui-ci présente le dossier et le principe est finalement intégré dans la nouvelle loi VHR 71 mise en place fin 2020. 

Quelle belle victoire, quel beau salut à la mémoire de son ami, et de toutes les autres victimes décédées de ces accrochages aux traverses des routes par les sentiers de VHR.

Bob Petit le père des sentiers de motoneiges du Québec

Mais Bob Petit a encore une autre vision, le Centre International des Sports Motorisés du Québec. Un édifice qui serait l’ambassade et le lieu de rassemblement des tourismes et des amoureux des sports motorisés. Idéalement placé sur l’autoroute 640, entre les régions des Laurentides et de Lanaudière, il regrouperait différents aspects de l’activité. Un temple de la renommée de la motoneige et du quad, avec une extension moto et auto. Un musée de belles d’autrefois, une piste de karting électrique. La partie touristique accueillerait une grande salle ronde pour présenter les régions touristiques du Québec sur 360 degrés. Une salle d’éducation avec des casques virtuels servirait pour des randonnées quad ou motoneige. Pour la communication, un studio de radio, de télé, une salle de conférence, permettrait de publier des informations motorisées. Restaurants, espaces commerciaux, tout est imaginable. Et pourquoi pas passer ici les fameuses formations obligatoires pour les guides de randonnées, les locataires participants, les jeunes de moins de 18 ans et les conducteurs de quads modifiés deux-places ? 

Dernièrement, Bob a vu qu’Alexandre Tagliani construisait une piste de parking électrique à Sainte-Thérèse. Peut-être une connexion à faire ?

Pour mener ce projet à bien, il faudrait des investisseurs, une volonté et une aide des ministères du tourisme et des transports, le soutien des Fédérations qui reçoivent un montant sur chacune des 200 000 motoneiges immatriculées, sans parler des quads et des motos hors route. Dans les 3 milliards de retombées annuelles, il y aurait peut-être une infime partie à redonner à un édifice qui pourrait s’autofinancer à terme. Le message est lancé !

Dans sa vie bien remplie et tournée vers les autres, il en a vu du monde. Comme Jacques Proulx, le célébre « morning man » de CKC Montréal, qu’il rencontrait avec sa fille à Saint-Jean-de-Matha. Cette petite fille s’appelait Caroline Proulx, et elle est actuellement député de Berthier ministre du tourisme du Québec. Saint-Jean-de-Matha est petit, selon l’expression consacrée ! 

Bob Petit le père des sentiers de motoneiges du Québec

L’année 2020 n’a pas été favorable au tourisme, mais Bob a plein d’idées dans sa tête, dès que tout rentrera dans l’ordre.

À 81 ans, Bob a donné sa vie pour la motoneige. Il en a été moins récompensé qu’un Lieutenant-Gouverneur-Général à la retraite, mais il a accompli une mission qui était plus grande que lui. Car il a su fédérer, convaincre, imaginer, et transmettre cette flamme à des milliers de personnes passionnées comme lui. Les fameux bénévoles des clubs, et les utilisateurs qui, grâce à lui, ont pu vivre des aventures sur un des plus longs sentiers fédérés au monde, le réseau des sentiers de motoneige TransQuébec.

Bob Petit le père des sentiers de motoneiges du Québec

Bob ne parait pas son âge, et quand on lui demande s’il va prendre sa retraite, il n’a qu’une seule phrase en bouche : « Je n’ai pas dit mon dernier mot ! »

Son livre : https://online.fliphtml5.com/onwtl/ijwr/

La page Bob Petit : http://bobpetit.derytele.com/

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