Il existe des personnages qui sont toujours présents dans les événements de sports motorisés, mais qu’il est difficile de nommer. Parce qu’ils sont discrets. Ils ne se mettent pas en avant, alors qu’ils pourraient profiter de leur statut. Le directeur régional des ventes Yamaha pour le Québec et l’Atlantique, François Morneau, en fait partie.
Événements de quad, motoneige ou moto, il n’est pas rare de voir sa haute stature, toujours proche d’une tente Yamaha ou d’un véhicule de la marque aux trois diapasons.
François Morneau est au service de Yamaha Motor Canada depuis bientôt 34 ans. Pourtant, rien ne le prédestinait à cette carrière débutée à Toronto.
Il est né à Rimouski, dans le Bas-Saint-Laurent, en juillet 1960. Ses parents exploitaient une ferme laitière. Il est le quatorzième d’une famille de seize enfants. Malheureusement, quatre ne survivront pas. En plus des douze enfants à élever, sa maman élevait d’autres jeunes, en qualité de famille d’accueil. François a donc grandi dans une famille nombreuse, une communauté où le travail à la ferme était bien présent. À 5 ou 6 ans, le jeune François conduisait son premier tracteur. Il n’y avait pas beaucoup d’équipement, ce qui impliquait beaucoup de travail manuel. Adolescent, la conduite des tracteurs n’avait plus de secrets pour lui. Les quatre-roues n’existaient pas encore, mais il y avait déjà des motoneiges à la ferme. Elles servaient pour le loisir, mais aussi pour aller bûcher dans le bois. La première était une Motoski, qui fut remplacée par une Alouette. Les premières sensations de liberté et la piqûre des loisirs motorisés ont commencé ici !
Un moment fort de sa jeunesse a été l’achat de sa première moto en 1978. Une Yamaha IT 175 type enduro avec laquelle il pouvait aussi rouler sur la route, même sans clignotants, remplacés par des signes de bras. Il adorait se déplacer avec cette moto dont il était fier. C’est à ce moment qu’il rêva secrètement de travailler pour la marque Yamaha, dans un secteur d’activités lié aux loisirs, à la passion et à la liberté.
François Morneau a poursuivi ses études à la polyvalente Paul-Hubert, puis au Cegep. Pendant deux ans, il a fait partie de l’équipe de football des Marauders, naviguant aussi bien en défense qu’en attaque.
Il a obtenu ensuite un bac en Administration des affaires, option Marketing à l’Université du Québec à Rimouski. C’est pendant ses études qu’il officiait à la radio étudiante, lui faisant découvrir la communication orale.
Ses études complétées en 1984, il partait rejoindre des amis à Toronto pour trouver du travail et parfaire son anglais. Il en profitait pour suivre des cours d’anglais. Il fut embauché dans une société de télémarketing, puis il vendit des montres Seiko, se découvrant des affinités avec la vente.
C’est alors que le destin frappa à sa porte. Ses bureaux étaient proches de Yamaha Motor Canada, et dans l’autobus, il avait rencontré une Québécoise qui travaillait là. Elle était employée aux entrées de commandes. Un jour, elle lui apprit qu’un poste était ouvert chez Yamaha, représentant des pièces et accessoires pour le Québec ! Le rêve prenait forme…
François Morneau décrochait le poste en juillet 1986 et l’occupait jusqu’en avril 1988. Il commençait à se familiariser avec les concessionnaires et leur rendait visite régulièrement. Quand un poste de directeur des ventes de district se libéra en 1988, il reçut la promotion et sa longue carrière commença dans différents secteurs du Lac-Saint-Jean à la Côte-Nord, en passant par Québec, la Gaspésie ou l’Abitibi-Témiscamingue. Plus de dix ans de travail à accompagner les concessionnaires sur le terrain.
En 1998, Yamaha Motor Canada créait pour lui un poste qui n’existait pas dans la société, directeur des ventes et du développement des concessionnaires.
Quand on questionne sur le développement en nombre de concessionnaires, François Morneau répond par la qualité du réseau. Bien sûr, il y a plus de concessionnaires maintenant. Mais l’essentiel est leur qualité. Leur capacité à répondre aux clients et à les satisfaire.
Après six années à ce poste, il est devenu directeur régional des ventes, pour le Québec et l’Atlantique. C’est le «management» de sept représentants, deux cents concessions, pour un chiffre d’affaires qui représente 30 à 40% du total du Canada.
Si François Morneau se retrouve dans la rubrique bâtisseur, c’est qu’il a su toujours rester proche et s’intéresser aux utilisateurs de véhicules Yamaha, et donc de l’industrie. Il est présent autant que possible aux assemblées générales ou certaines réunions des fédérations quad ou motoneige. Il s’intéresse aussi bien aux lois, qui peuvent changer la donne, qu’aux améliorations techniques proposées par les propriétaires de véhicules ou par les concessionnaires. Il fait remonter l’information aux bonnes personnes dans l’organisation.
Il possède à titre personnel une moto Yamaha FJR 1300 qu’il aime chevaucher pendant ses moments de loisir, pour s’aérer la tête. En termes de VTT, il aime le Grizzly 700 pour le sentier, car il le trouve agile et performant. Pour la chasse, qui est un de ses loisirs personnels avec la pêche, il préférera le Kodiak 450, car il est plus compact, avec un rayon de braquage réduit.
Historiquement, les VTT ou ATV étaient des trois-roues. Mais le nombre de poursuites dues aux accidents, principalement aux États-Unis, a signé la fin de ces véhicules en 1985. Yamaha a préféré racheter et détruire les trois-roues, pour éviter tout autre problème. Les principaux fabricants et importateurs en Amérique du Nord se sont réunis pour définir les caractéristiques d’un quad quatre-roues sécuritaire. Celles-ci définissaient un poids maximal de 600 livres, avec un guidon, une selle, et une place. C’est encore les normes appliquées par Yamaha, ce qui explique qu’ils n’ont jamais fabriqué de deux places, pour des raisons juridiques également.
Au début, les quads étaient animés par des moteurs de 350 cc, comme le Banshee 2 temps ou le Warrior 4 temps qui ont marqué leur époque. Le Grizzly 600 a ensuite été le premier quad grosse cylindrée avec une transmission Ultramatic qui révolutionne la fiabilité encore aujourd’hui avec l’embrayage plongé dans l’huile.
Yamaha a également été le premier à distribuer un côte-à-côte sport loisir utilitaire avec le Rhino. Cela a été un succès commercial phénoménal, mais assorti de poursuites, principalement aux États-Unis. Yamaha a attendu de gagner toutes ses causes, avant de ressortir un véhicule SXS. Aujourd’hui, la gamme est très étoffée. Il faut savoir être patient pour proposer des produits de qualité.
François Morneau aime à rappeler la phrase du président de Yamaha en 1955, pour la création de la première moto de la marque, la YA-1 : « Nous sommes l’un des derniers fabricants japonais à entrer dans l’industrie de la motocyclette, donc nous devons le faire mieux que les autres ».
Pour le marché du quad, le directeur régional des ventes voit une stabilité. Les jeunes choisissent le look pour leur premier achat, puis se tournent vers la stabilité et la fiabilité.
Il tient à rappeler l’attachement de Yamaha pour les moteurs 4 temps. Avec les contraintes environnementales et l’EPA, les normes changent tous les deux ans environ. Le moteur 2 temps doit brûler de l’huile dans son cycle d’utilisation et cela retourne dans l’atmosphère. Yamaha équipe encore de 2 temps quelques motocross, et des motoneiges utilitaires VK540, utilisées également en Russie où le froid peut être comparable au Québec. Mais c’est tout. Les normes environnementales sont respectées grâce à l’électronique ou un carburateur chauffant sur les motoneiges utilitaires. Mais l’avenir du moteur thermique est au 4 temps. L’huile n’est pas brûlée, mais récupérée lors de la vidange, et recyclée. Il est important de ne pas laisser virer le moteur trop longtemps au ralenti, pour éviter la pollution atmosphérique.
François est père de deux enfants, un fils de 25 ans qui l’a rendu deux fois grand-père, et une fille de 23 ans qui parcourt le monde.
Pendant ses temps libres, il aime skier un peu, quand il n’est pas sur sa moto ou sur son Kodiak pour la chasse et la pêche. La forêt est une source d’apaisement pour lui.
Après 33 ans dans l’entreprise, il est toujours passionné par Yamaha, ses véhicules, et l’industrie des sports et loisirs motorisés. Il ne pense pas prendre sa retraite tout de suite ! C’est une bonne nouvelle, car c’est la mémoire vive de Yamaha pour le Québec et l’Atlantique.